Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/303

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je sais que cela te ferait aussi un grand plaisir d’assister aux dernières répétitions et à la première représentation de mon opéra. Au moins, dans l’intervalle de mes occupations forcées, tu serais mon compagnon ; je te présenterais à mes amis, enfin je serais avec toi. Il s’agit de savoir si tu pourras sans danger t’absenter, au moment où ton navire sera sur le point de partir. Tu retournerais à Marseille le 11 août, la première représentation ayant lieu le 9.

Je ne sais pas non plus de quel argent je pourrai disposer pour te l’envoyer ; les dépenses de la triste cérémonie de la translation de Saint-Germain sont considérables et je ne les connais pas encore. Et puis j’ai peur de te faire venir dans cette ville de jeu et de joueurs. Pourtant, si tu me donnes ta parole d’honneur de ne pas risquer seulement un florin, j’aurai confiance en toi, et je me résignerai à la douleur de notre séparation quand tu me quitteras pour partir ; douleur qui sera bien plus vive dans ces nouvelles circonstances. Dis-moi ce que tu penses à ce sujet.

Adieu, cher Louis. Hier, ma belle-mère est revenue de Saint-Germain, où elle était allée ; ne me voyant pas paraître à dîner mardi, elle se doutait de quelque malheur. Elle y est arrivée comme M. et madame Laroche et moi venions d’en partir et n’a plus trouvé que le cadavre de sa fille… Depuis ce jour, elle y était restée à moitié folle et gardée par une de ses amies qui était venue à son secours, et je ne l’avais pas revue. Tu penses, en nous retrouvant, quel déchirement !

Écris-moi, cher, cher Louis.