Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dîner de noces, ils sont partis pour un long voyage dans le sud de la France ; sans quoi encore je n’eusse pas témoigné.

Nous étions trente-deux gens de la noce, venus de tous les coins de la famille, de Grenoble, de Tournon, de Saint-Geoire, etc., etc. ; nous nous sommes tous retrouvés là, moins un, hélas !…

C’est le plus vieux que j’ai eu le plus de plaisir à revoir ; mon oncle le colonel, âgé de quatre-vingt-quatre ans. Nous avons bien pleuré en nous revoyant ; il semblait honteux de vivre… ; je le suis bien davantage.

Me voilà à Paris maintenant, presque toujours couché comme à Vienne. Et dernièrement, la grande-duchesse Hélène de Russie m’a fait entortiller pour aller à Saint-Pétersbourg ; elle a voulu me voir, et enfin j’ai consenti. Je partirai le 15 novembre pour aller diriger six concerts du Conservatoire, dont un de ma musique.

La princesse paye mon voyage, aller et retour, met une de ses voitures à ma disposition, me loge chez elle au palais Michel et me donne quinze mille francs. Au moins, si j’en meurs, je saurai que cela en valait la peine.

J’ai écrit à votre mari, l’autre jour, une lettre que je n’ai pas envoyée, faute d’adresse, pour lui demander si je ne lui ai pas prêté ma belle partition d’Orphée de Leipzig. Je ne puis plus la trouver ; je suis allé chez Heller, je lui ai laissé ma carte ; je n’ai point de ses nouvelles.

Adieu, madame ; je vous serre la main en vous envoyant à tous les deux mille amitiés.