Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/78

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vous me donnerez. Répondez-moi au plus tôt, je vous prie, si cela peut vous convenir, combien de temps il vous faudra pour le graver et s’il est nécessaire d’affranchir le paquet.

J’ai l’honneur d’être, avec la plus parfaite considération, votre obéissant serviteur.


II.

À RODOLPHE KREUTZER[1].

(1826… ?)
Ô génie !

Je succombe ! je meurs ! les larmes m’étouffent ! la Mort d’Abel ! dieux !…

Quel infâme public ! il ne sent rien ! que faut-il donc pour l’émouvoir ?…

Ô génie ! et que ferai-je, moi, si un jour ma musique peint les passions ; on ne me comprendra pas, puisqu’ils ne couronnent pas, qu’ils ne portent pas en triomphe, qu’ils ne se prosternent pas devant l’auteur de tout ce qui est beau !

  1. La date de cette lettre est assez difficile à préciser. La Mort d’Abel, dont il est question, fut jouée en 1810 et n’eut jamais les honneurs d’une reprise. Sans doute, Berlioz avait entendu seulement quelques fragments de cet opéra. Comme il signe sa lettre : H. Berlioz, élève de Lesueur, et qu’il entra dans la classe de ce maître en 1826 pour y rester jusqu’en 1828, on ne peut guère assigner au curieux document que nous reproduisons qu’une date approximative.