Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/79

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tous les temps et de tous les lieux, que vos opéras non interrompus causent de malheurs dont vous ne vous doutez guère, font couler de larmes que vous n’avez pas le souci d’essuyer ! Si les poëtes n’étaient pas évidemment des êtres d’une nature supérieure, que la Providence envoie parfois sur la terre pour y accomplir une mission mystérieuse en harmonie sans doute avec les grandes lois de l’univers, on ne pourrait s’empêcher de maudire leur venue, de blasphémer leurs œuvres, et de les bannir eux-mêmes des républiques en les couronnant de fleurs.

Mais nous ne ressemblons point à Platon, bien que nous soyons très-philosophes ; nous avons sur ce grand homme l’avantage de posséder les lumières du christianisme ; nous savons que les desseins de Dieu sont impénétrables, nous nous soumettons aux poëtes qu’il nous envoie, nous ne les couronnons pas de fleurs et nous les gardons.




La famille Astucio.


M. Scribe, dans son opéra le Concert à la cour, a dessiné, sous le nom du signor Astucio, un caractère qui fit et fait encore l’admiration et l’effroi des artistes.

On disait à l’époque des premières représentations de cet opéra qu’Astucio était le portrait fidèle et fort