Seulement ici l’effet de ces contre Ut est extrêmement important ; d’où il suit que leur transposition est déplorable. Le Trombone Basse ne peut se prêter à des mouvements aussi rapides que les autres instruments de la même famille ; la longueur et la grosseur de son tube exigent un peu plus de temps pour entrer en vibrations, et l’on conçoit également que sa coulisse, manœuvrée à l’aide d’une manivelle qui supplée, dans certaines positions, à la longueur du bras, ne permette pas une grande agilité. De là l’impossibilité réelle pour les artistes Allemands qui se servent du Trombone Basse, d’exécuter une foule de passages de nos partitions Françaises modernes, que nos Trombonistes rendent tant bien que mal sur le Trombone Ténor. L’imperfection de l’exécution de ces passades, malgré le talent de quelques uns de nos artistes, prouve évidemment d’ailleurs qu’ils sont trop rapides, même pour le Trombone Ténor, et que les Trombones en général ne sont point propres à rendre des successions semblables. Cela prouve tout au moins, si l’on suppose que les compositeurs ne sont coupables que d’un peu d’exagération dans la difficulté, qu’il faut toujours se servir des instruments indiqués par eux, et non point d’autres. Malheureusement plusieurs maîtres, sachant bien cependant que dans la plupart de nos orchestres il n’y a que des Trombones Ténors, s’obstinent à écrire dans leurs parlerions Trombone Alto, Trombone Ténor, et Trombone Basse, au lieu d’indiquer, 1er 2e et 3e Trombones Ténors. En conséquence pour pouvoir, à l’étranger, exécuter sous ce rapport leurs opéras comme on les exécute à Paris, il faudrait sans tenir compte des indications imprimées, se servir des instruments qu’on emploie à Paris. Mais comment admettre en général une pareille latitude dans l’interprétation des volontés du compositeur ? n’est-ce pas ouvrir la porte à toutes les infidélités, à tous les abus ? et n’est-il pas juste que les auteurs souffrent un peu, qui mettent tant de négligence à rédiger leurs œuvres, plutôt que de faire courir la chance de voir les leurs mutilées à ceux qui n’écrivent jamais qu’avec soin et une connaissance approfondie des ressources des instruments ?…
Les Trombones ont tous, en partant de points plus ou moins graves, la même étendue ; on a vu qu’elle est de deux octaves et une sixte. Mais ce n’est pas tout. Outre cette vaste gamme ils possèdent encore, à l’extrême grave, et à partir du premier son grave de la résonnanee naturelle du tube, trois notes énormes et magnifiques sur le Trombone Ténor, d’une médiocre sonorité sur le Trombone Alto, et terribles sur le Trombone Basse quand on peut les faire sortir. On les nomme pédales ; sans doute à cause de la ressemblance de leur timbre avec celui des sons très bas de l’Orgue qui portent le même nom. Il est assez difficile de les bien écrire et elle sont inconnues même de beaucoup de Trombonistes.
| Ces notes sont : |  |
pour le Trombone Alto ; |
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pour le Trombone Ténor, |
| et le Trombone Basse aurait celles-ci : |  |
si tous les exécutants avaient la force de les faire sortir.
En supposant toutefois que le grand Trombone Basse ne possède que la première de ces notes pédales, le contre Mi bémol, elle sera encore d’un grand prix pour certains effets qu’on ne peut obtenir autrement, puisqu’aucun autre instrument de l’orchestre, à l’exception du Bass-Tuba et du Contre Basson, n’atteint à cette extraordinaire gravité.
Ces notes, sur tous les Trombones, sont isolées des autres par une lacune d’une quarte augmentée qui sépare la première note grave naturelle de la dernière (en descendant) de la gamme produite par l’emploi de la coulisse.
| Ex : Trombone en Si ♭ |  |
C’est à cause de cette lacune qu’il est indispensable dans certains cas de désigner le ton des Trombones qu’on emploie ; car elle change de place dans l’échelle des sons, selon la longueur du tube, ou le ton de l’instrument, et, par suite, une ou plusieurs pédales d’un ton, toutes même, peuvent manquer sur un Trombone dans un autre ton.
Par exemple si le compositeur qui a écrit ces notes pédales
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n’a pas eu soin d’indiquer qu’il voulait un Trombone |
en Si ♭, il se peut qu’il y ait dans l’orchestre qui exécutera son ouvrage un vrai Trombone Basse en Mi ♭ auquel le La ♭ et le Sol bas manquent ; ou un Trombone Basse en Fa, auquel il manque les quatre notes Si ♭, La, La ♭, Sol (ces instruments sons fort répendus en Allemagne) ou enfin un Trombone Basse en Sol (il y en a en Angleterre) auquel Si ♭, La, La ♭, manquent également.
On le concevra mieux par le tableau suivant :
