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et la spécialité de leur timbre, dès qu’on les oblige à donner les intonations propres seulement au Contralto ou au Second Soprano, mais au moins ne sont-elles pas exposées alors à faire entendre de mauvais sons, comme les seconds soprani qu’on force trop dans le haut ; il en est de même pour les deux autres voix. Le second soprano, le second Ténor et la première Basse sont généralement placés à la tierce ou à la quarte au-dessous et au-dessus de la voix principale dont elles portent le nom, et possèdent une étendue presque égale à la leur ; mais c’est vrai pour le second Soprano plus que pour le second Ténor et la première Basse. Si l’on donne en effet au second soprano pour étendue une Octave et une Sixte, à partir du Si en dessous des portées jusqu’au Sol en dessus :

SECOND SOPRANO.

\language "italiano"
\relative do' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef soprano
  si2 do re mi fa sol la si do re mi fa sol \bar "||"
}
\layout{
    #(layout-set-staff-size 15)
  }
\header { tagline = ##f}


toutes les notes sonneront bien et sans peine, il n’en sera pas de même du second ténor, en lui accordant une échelle de même étendue : ses , Ut et Si bas n’auront presque pas de sonorité, et à moins d’une intention formelle et d’un effet spécial à produire, il est d’autant mieux d’éviter pour eux ces notes graves qu’il n’y a rien de plus aisé que de les donner aux Basses premières ou secondes, à qui elles conviennent parfaitement. L’inverse a lieu pour les premières Basses ou Barytons : si, en les supposant à la tierce au dessus des seconds, on les écrit depuis le La bas jusqu’au Sol haut, le La bas sera lourd, terne, et le Sol haut excessivement forcé, pour ne rien dire de plus ; cette dernière note ne convient réellement qu’aux ténors premiers et seconds. D’où il suit que les voix les plus courtes sont les seconds ténors, qui ne montent pas autant que les premiers sans descendre beaucoup plus, et les premières basses qui descendent moins que les secondes sans presque monter davantage. Dans un choeur écrit à six parties, comme je le propose, les véritables voix de contralto (car il y en a toujours plus ou moins dans toute masse chorale) doivent chanter nécessairement la partie de second soprano ; c’est pourquoi je crois qu’il est bon, quand elle dépasse le Fa aigu, de la subdiviser encore, pour ne pas forcer les contralti à crier des notes trop hautes pour eux.

Voici donc l’étendue la plus sonore des sept voix différentes qu’on trouve dans la plupart des grandes masses chorales ; je m’abstiens d’indiquer les notes extrêmes à l’aigu et au grave que possèdent certains individus, et qu’il ne faut écrire qu’exceptionnellement.

EXEMPLE.
1er SOPRANO.

\language "italiano"
\relative do' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef soprano
  do1 sib'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
2me SOPRANO.

\language "italiano"
\relative do' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef soprano
  si1 sol'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
CONTRALTO.

\language "italiano"
\relative do {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef alto
  fa1 mib'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
1er TÉNOR.

\language "italiano"
\relative do {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef tenor
  do1 sib'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
2me TÉNOR.

\language "italiano"
\relative do {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef tenor
  do1 sol'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
1re BASSE ou BARYTON.

\language "italiano"
\relative do {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef bass
  sib1 fa'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
2me BASSE ou BASSE

\language "italiano"
\relative do, {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef bass
  fa1 mib'' \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}

Des choeurs de femmes à trois parties sont pour les morceaux religieux et tendres d’un effet ravissant ; on les dispose alors dans l’ordre des trois voix que je viens de nommer, en premier soprano, second soprano, et contralto ou troisième soprano.

Quelquefois on donne une partie de ténor pour basse à ces trois parties de voix féminine ; Weber l’a fait avec succès pour ses choeurs d’esprits dans Obéron ; mais c’est dans le cas seulement où il s’agit de produire un effet doux et calme, un pareil choeur ayant naturellement peu d’énergie. Les choeurs composés seulement de voix d’hommes ont beaucoup de force, au contraire, et d’autant plus que les voix sont plus graves et moins divisées. La division des basses en premières et secondes (pour éviter les notes trop hautes) est moins nécessaire dans les accens rudes et farouches, aux quels des sons forcés exceptionnels, comme le Fa et le Fa dièse hauts, conviennent mieux par leur caractère particulier que les sons plus naturels des ténors sur les mêmes degrés. Encore faut-il amener ces notes et les présenter adroitement, en ayant soin de ne pas faire passer brusquement du médium ou du grave à l’extrémité du registre supérieur. Ainsi Gluck dans son terrible choeur de Scythes, au premier acte d’Iphigénie en Tauride, fait donner le Fa dièse haut à toutes les basses unies aux ténors, sur ces mots : « Ils nous amènent des victimes », mais le Fa dièse est précédé de deux et on peut aisément porter la voix,