Page:Berlioz - Traité d’instrumentation et d’orchestration.djvu/82

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Le Pizzicato des contre-basses, fort ou doux, est d’une bonne sonorité, à moins qu’on ne l’emploie sur des sons très élevés, mais il change de caractère, suivant les harmonies sous lesquelles il se trouve placé. Ainsi le fameux la pizzicato de l’ouverture du Freyschutz, n’est ainsi gros de menaces et d’accents infernaux que par le reflet de l’accord de septième diminuée (Fa dièze La, Ut, Mi bémol) dont il détermine, au temps faible, le premier renversement. Qu’il devienne tonique majeure, ou dominante, pincé demi fort, connue dans le cas dont il s’agit, ce La n’aura plus rien d’étrange.

On emploie les sourdines sur les contre-basses comme sur les autres instruments à archet, mais l’effet qu’elles y produisent est assez peu caractérisé ; elles diminuent seulement un peu la sonorité des contre-basses en la rendant plus sombre et plus terne.

Un artiste Piémontais, Mr Langlois, qui s’est fait entendre à Paris, il y a une quinzaine d’années, obtenait, avec l’archet, en serrant la corde haute de la contre-basse entre le pouce et l’index de la main gauche, au lieu de la presser sur la touche, et en montant ainsi jusqu’auprès du chevalet, des sons aigus très singuliers et d’une force incroyable. Si l’on avait besoin de faire produire à l’orchestre un unique cri féminin, aucun instrument ne le pourrait jeter mieux que les contre-basses employées de la sorte. Je doute que nos artistes connaissent le mécanisme de Mr Langlois pour les sons aigus, mais il leur serait facile de se le rendre familier en peu de temps.