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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

a trouvé la paix n’attend rien d’autre, et lui, il était dans l’attente d’on ne sait quoi de nouveau qui romprait le silence. Ce n’était pas la lassitude d’une âme surmenée, lorsqu’elle trouve le fond de la douleur humaine et s’y repose, car il désirait au delà. Et non plus ce n’était pas l’anéantissement d’un grand amour, car dans le déliement de tout l’être le cœur encore veille et veut donner plus qu’il ne reçoit… Mais lui ne voulait rien : il attendait.

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Ce fut d’abord une joie furtive, insaisissable, comme venue du dehors, rapide, assidue, presque importune. Que craindre ou qu’espérer d’une pensée non formulée, instable, du désir léger comme une étincelle ?… Et pourtant, ainsi que dans le déchaînement de l’orchestre le maître perçoit la première et l’imperceptible vibration de la note fausse, mais trop tard pour en arrêter l’explosion, ainsi le vicaire de Campagne ne douta pas que cela qu’il attendait sans le connaître était venu.

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À travers la buée des vitres, l’horizon sous le ciel n’offrait qu’un contour vague, presque obs-