Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont la paſſion augmentoit châque jours, & qui ayant eſſayé en vain de rendre Federic tout à elle, ſe reſolut de l’en éloigner tout a fait. Elle crut qu’il valloit mieux ſe priver de ſa veuë, que de le voir l’amant d’une autre. Si bien qu’elle fut trouver le Roy ; nous avons toûjours differé, luy dit-elle, de rendre Federic à Menfroy, par des raiſons de politique que nous croyions bonnes, mais aujourd’huy qu’il aime contre nous, je croy qu’il vaut mieux luy remettre entre les mains la cauſe de tant de troubles. Berranger fit aſſez de difficulté de s’y accorder, mais elle ſçeut luy repreſenter ſi vivement tous les malheurs qui les avoient accompagnez pendant qu’ils avoient porté les armes contre Menfroy, qu’il fut enfin de ſon avis. Neanmoins dés qu’elle trouva ſi peu d’obſtacle à ſon deſſein, elle commença de trembler pour l’execution : l’idée de Federic éloigné ſe preſenta à ſon cœur, avec une douleur ſi vive, qu’elle commença à combattre ſes propres raiſons, & à trouver que c’eſtoit un beau garant de la clemence du Roy de Sicile, que d’avoir ſon fils