Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/94

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que ſon mary pouvoit bien luy avoir fait confidence de ce qu’il eſtoit. Cette penſée luy parut ſi vray-ſemblable, qu’à la fin il vint à n’en point douter, & ſe reſolut d’en faire ſa conſidente. Il luy en falloit une : quand on eſt heureuſe on renferme toute ſa joye chez ſoy, & l’on peut bien n’en faire part à perſonne, mais quand on eſt affligée il faut neceſſairement ſe décharger d’une partie de ſa douleur en la confiant à quelqu’un. L’Amirale luy paroiſſoit une fort bonne femme, elle crut qu’elle entreroit facilement dans tous ſes ſentimens, & comme elles avoient reciproquement le deſſein de ſe rencontrer, elles en vinrent bien-toſt à bout. Un jour Federic paſſa dans une allée où l’Amirale eſtoit auſſi, elles ſe promenerent quelque temps enſemble, & aprés les premieres civilitez, qui ne durerent que trop au gré de toutes les deux, Federic entra le premier dans quelque choſe de plus particulier. Madame, luy dit-il, j’ay extrémement menagé l’occaſion de vous trouver ſeule, & vous avez paru ne la point fuir ; je vous rends mille graces de toutes les bontez que vous avez euës