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considérations spéciales aux êtres vivants.

tourbillons qui n’ont aucun usage pour l’habitation.

L’anatomie et la physiologie comparées ont donc pour objet de trouver les lois morphologiques des appareils ou des organes dont l’ensemble constitue les organismes. La physiologie comparée, en tant qu’elle déduit les fonctions de la comparaison des organes, serait une science insuffisante et fausse si elle repoussait l’expérimentation. Sans doute la comparaison des formes des membres ou des appareils mécaniques de la vie de relation peut nous donner des indications sur les usages de ces parties. Mais que peut nous dire la forme du foie, du pancréas, sur les fonctions de ces organes ? L’expérience n’a-t-elle pas montré l’erreur de cette assimilation du pancréas à une glande salivaire[1] ? Que peut nous apprendre la forme du cerveau et des nerfs sur leurs fonctions ? Tout ce qu’on sait a été appris par l’expérimentation ou l’observation sur le vivant. Que pourra-t-on dire sur le cerveau des poissons, par exemple, tant que l’expérimentation n’aura pas débrouillé la question ? En un mot, la déduction anatomique a donné ce qu’elle pouvait donner, et vouloir rester dans cette voie exclusive, c’est rester en arrière du progrès de la science, et croire qu’on peut imposer des principes scientifiques sans vérification expérimentale ; c’est, en un mot, un reste de la scolastique du moyen âge. Mais, d’un autre côté, la physiologie comparée, en tant que s’appuyant sur l’expérience et en tant que cherchant chez les animaux les propriétés des

  1. Claude Bernard, Mémoire sur le pancréas (Supplément aux Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1856, t. I).