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du raisonnement expérimental.

cherche et constate les faits, avec l’art du raisonnement, qui les met en œuvre logiquement pour la recherche de la vérité. Or, dans l’investigation il peut y avoir à la fois activité de l’esprit et des sens, soit pour faire des observations, soit pour faire des expériences.

En effet, si l’on voulait admettre que l’observation est caractérisée par cela seul que le savant constate des phénomènes que la nature a produits spontanément et sans son intervention, on ne pourrait cependant pas trouver que l’esprit comme la main reste toujours inactif dans l’observation, et l’on serait amené à distinguer sous ce rapport deux sortes d’observations : les unes passives, les autres actives. Je suppose, par exemple, ce qui est souvent arrivé, qu’une maladie endémique quelconque survienne dans un pays et s’offre à l’observation d’un médecin. C’est là une observation spontanée ou passive que le médecin fait par hasard et sans y être conduit par aucune idée préconçue. Mais si, après avoir observé les premiers cas, il vient à l’idée de ce médecin que la production de cette maladie pourrait bien être en rapport avec certaines circonstances météorologiques ou hygiéniques spéciales ; alors le médecin va en voyage et se transporte dans d’autres pays où règne la même maladie, pour voir si elle s’y développe dans les mêmes conditions. Cette seconde observation, faite en vue d’une idée préconçue sur la nature et la cause de la maladie, est ce qu’il faudrait évidemment appeler une observation provoquée ou active. J’en dirai autant d’un astronome qui, regardant le ciel, découvre une planète qui passe par hasard devant sa lu-