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considérations spéciales aux êtres vivants.

dre la relation qui rattachait le symptôme morbide à sa cause et établir ce qu’on appelle le diagnostic rationnel. Laënnec, un de mes prédécesseurs dans la chaire de médecine du Collége de France, s’est immortalisé dans cette voie par la précision qu’il a donnée au diagnostic physique des maladies du cœur et du poumon. Mais ce diagnostic n’était plus possible quand il s’est agi de maladies dont les altérations étaient imperceptibles à nos moyens d’investigation et résidaient dans les éléments organiques. Alors, ne pouvant plus établir de rapport anatomique, on disait que la maladie était essentielle, c’est-à-dire sans lésion ; ce qui est absurde, car c’est admettre un effet sans cause. On a donc compris qu’il fallait, pour trouver l’explication des maladies, porter l’investigation dans les parties les plus déliées de l’organisme où siége la vie. Cette ère nouvelle de l’anatomie microscopique pathologique a été inaugurée en Allemagne par Johannes Müller[1], et un professeur illustre de Berlin, Virchow, a systématisé dans ces derniers temps la pathologie microscopique[2]. On a donc tiré des altérations des tissus des caractères propres à définir les maladies, mais on s’est servi aussi de ces altérations pour expliquer les symptômes des maladies. On a créé, à ce propos, la dénomination de physiologie pathologique pour désigner cette sorte de fonction pathologique en rapport avec l’anatomie anormale. Je n’exa-

  1. Müller, De glandularum secernentium structura penitiori earumque prima formatione in homine atque animalibus. Leipzig, 1830.
  2. Virchow, La pathologie cellulaire basée sur l’étude physiologique et pathologique des tissus, trad. par P. Picard. Paris, 1860.