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considérations spéciales aux êtres vivants.

en réalité, cela ne lui explique absolument rien ni sur la cause de la maladie, ni sur l’action des médicaments, ni sur la raison de la mort. L’anatomie microscopique n’en apprend pas davantage, car, quand un individu meurt de tubercules, de pneumonie, de fièvre typhoïde, les lésions microscopiques qu’on trouve après la mort existaient avant et souvent depuis longtemps, la mort n’est pas expliquée par les éléments du tubercule ni par ceux des plaques intestinales, ni par ceux d’autres produits morbides ; la mort ne peut être en effet comprise que parce que quelque élément histologique a perdu ses propriétés physiologiques, ce qui a amené à sa suite la dislocation des phénomènes vitaux. Mais il faudrait, pour saisir les lésions physiologiques dans leurs rapports avec le mécanisme de la mort, faire des autopsies de cadavres aussitôt après la mort, ce qui n’est pas possible. C’est donc pourquoi il faut pratiquer des expériences sur les animaux et placer nécessairement la médecine au point de vue expérimental si l’on veut fonder une médecine vraiment scientifique qui embrasse logiquement la physiologie, la pathologie et la thérapeutique. Je m’efforce de marcher depuis un grand nombre d’années dans cette direction[1]. Mais le point de vue de la médecine expérimentale est très complexe en ce sens qu’il est physiologique et qu’il comprend l’explication des phénomènes pathologiques par la physique et par la chimie aussi bien que par l’anatomie. Je reproduirai d’ailleurs, à propos

  1. Claude Bernard, Cours de pathologie expérimentale (Medical Times, 1860).