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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

posé en effet en principe : qu’il n’y a jamais de mauvaises expériences ; elles sont toutes bonnes dans leurs conditions déterminées, de sorte que les résultats négatifs ne peuvent infirmer les résultats positifs. Je reviendrai d’ailleurs plus loin sur cet important sujet. Pour le moment je veux seulement appeler l’attention des expérimentateurs sur l’importance qu’il y a à préciser les conditions organiques, parce qu’elles sont, ainsi que je l’ai déjà dit, la seule base de la physiologie et de la médecine expérimentale. Il me suffira, dans ce qui va suivre, de donner quelques indications, car c’est à propos de chaque expérience en particulier qu’il s’agira ensuite d’examiner ces conditions, aux trois points de vue physiologique, pathologique et thérapeutique.

Dans toute expérience sur les animaux vivants, il y a à considérer, indépendamment des conditions cosmiques générales, trois ordres de conditions physiologiques propres à l’animal, savoir : conditions anatomiques opératoires, conditions physico-chimiques du milieu intérieur, conditions organiques élémentaires des tissus.

Conditions anatomiques opératoires. — L’anatomie est la base nécessaire de la physiologie, et jamais on ne deviendra bon physiologiste si l’on n’est préalablement profondément versé dans les études anatomiques et rompu aux dissections délicates, de manière à pouvoir faire toutes les préparations que nécessitent souvent les expériences physiologiques. En effet, l’anatomie physiologique opératoire n’est pas encore fondée ; l’anatomie comparée des zoologistes est trop superficielle et trop vague pour que le physiologiste y puisse