Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
considérations spéciales aux êtres vivants.

l’opinion de physiciens et de chimistes les plus compétents en pareille matière. MM. Regnault et Reiset, dans leur beau travail sur la respiration, s’expriment ainsi à propos des calculs que l’on a donnés pour établir la théorie de la chaleur animale. « Nous ne doutons pas que la chaleur animale ne soit produite entièrement par les réactions chimiques qui se passent dans l’économie ; mais nous pensons que le phénomène est beaucoup trop complexe pour qu’il soit possible de le calculer d’après la quantité d’oxygène consommé. Les substances qui se brûlent par la respiration sont formées en général de carbone, d’hydrogène, d’azote ou d’oxygène, souvent en proportions considérables ; lorsqu’elles se détruisent complètement par la respiration, l’oxygène qu’elles renferment contribue à la formation de l’eau et de l’acide carbonique, et la chaleur qui se dégage est alors nécessairement bien différente de celle que produiraient, en se brûlant, le carbone et l’hydrogène, supposés libres. Ces substances ne se détruisent d’ailleurs pas complètement, une portion se transforme en d’autres substances qui jouent des rôles spéciaux dans l’économie animale, ou qui s’échappent, dans les excrétions, à l’état de matières très oxydées (urée, acide urique). Or, dans toutes ces transformations et dans les assimilations de substances qui ont lieu dans les organes, il y a dégagement ou absorption de chaleur ; mais les phénomènes sont évidemment tellement complexes, qu’il est peu probable qu’on parvienne jamais à les soumettre au calcul. C’est donc par une coïncidence fortuite que les quantités de chaleur, dégagées par un