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du raisonnement expérimental.

spontanées et non provoquées par le médecin[1].

Je ferai encore une remarque qui servira de conclusion. Si en effet on caractérise l’expérience par une variation ou par un trouble apportés dans un phénomène, ce n’est qu’autant qu’on sous-entend qu’il faut faire la comparaison de ce trouble avec l’état normal. L’expérience n’étant en effet qu’un jugement, elle exige nécessairement comparaison entre deux choses, et ce qui est intentionnel ou actif dans l’expérience, c’est réellement la comparaison que l’esprit veut faire. Or, que la perturbation soit produite par accident ou autrement, l’esprit de l’expérimentateur n’en compare pas moins bien. Il n’est donc pas nécessaire que l’un des faits à comparer soit considéré comme un trouble ; d’autant plus qu’il n’y a dans la nature rien de troublé ni d’anormal ; tout se passe suivant des lois qui sont absolues, c’est-à-dire toujours normales et déterminées. Les effets varient en raison des conditions qui les manifestent, mais les lois ne varient pas. L’état physiologique et l’état pathologique sont régis par les mêmes forces, et ils ne diffèrent que par les conditions particulières dans lesquelles la loi vitale se manifeste.

§ IIAcquérir de l’expérience et s’appuyer sur l’observation est autre chose que faire des expériences et faire des observations.

Le reproche général que j’adresserai aux définitions qui précèdent, c’est d’avoir donné aux mots un sens

  1. Lallemand, Propositions de pathologie tendant à éclairer plusieurs points de physiologie. Thèse. Paris, 1818 ; 2e édition, 1824.