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applications de la méthode expérimentale.

veineux constituait un fait général propre aux autres glandes, et obtenir de cette manière une contre-épreuve bien nette qui me démontrât que c’était le phénomène sécrétoire par lui-même qui amenait cette modification dans la coloration du sang veineux. Voici comment je raisonnai : si, dis-je, c’est la sécrétion qui entraîne, ainsi que cela paraît être, la rutilance du sang veineux glandulaire, il arrivera, dans les organes glandulaires qui comme les glandes salivaires sécrètent d’une manière intermittente, que le sang veineux changera de couleur d’une manière intermittente et se montrera noir pendant le repos de la glande et rouge pendant la sécrétion. Je mis donc à découvert sur un chien la glande sous-maxillaire, ses conduits, ses nerfs et ses vaisseaux. Cette glande fournit à l’état normal une sécrétion intermittente que l’on peut exciter ou faire cesser à volonté. Or je constatai clairement que pendant le repos de la glande, quand rien ne coulait par le conduit salivaire, le sang veineux offrait en effet une coloration noire, tandis qu’aussitôt que la sécrétion apparaissait, le sang devenait rutilant pour reprendre la couleur noire quand la sécrétion s’arrêtait, puis restait noir pendant tout le temps que durait l’intermittence, etc.[1].

Ces dernières observations ont ensuite été le point de départ de nouvelles idées qui m’ont guidé pour faire des recherches relatives à la cause chimique du changement de couleur du sang glandulaire pendant la sécrétion. Je ne poursuivrai pas ces expériences dont

  1. Claude Bernard, Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l’organisme. Paris, 1859, t. ii.