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applications de la méthode expérimentale.

rimentale plus loin, et dans mon cours au Collége de France sur les substances toxiques et médicamenteuses, je repris l’étude sur l’empoisonnement par l’oxyde de carbone que j’avais commencée en 1846. Je me trouvais alors dans un cas mixte, car, à cette époque, je savais déjà que l’empoisonnement par l’oxyde de carbone rend le sang rutilant dans tout le système circulatoire. Il fallait faire des hypothèses et établir une idée préconçue sur cette première observation afin d’aller plus avant. Or, en réfléchissant sur ce fait de rutilance du sang, j’essayai de l’interpréter avec les connaissances antérieures que j’avais sur la cause de la couleur du sang, et alors toutes les réflexions suivantes se présentèrent à mon esprit. La couleur rutilante du sang, dis-je, est spéciale au sang artériel et en rapport avec la présence de l’oxygène en forte proportion, tandis que la coloration noire tient à la disparition de l’oxygène et à la présence d’une plus grande proportion d’acide carbonique ; dès lors il me vint à l’idée que l’oxyde de carbone, en faisant persister la couleur rutilante dans le sang veineux, aurait peut-être empêché l’oxygène de se changer en acide carbonique dans les capillaires. Il semblait pourtant difficile de comprendre comment tout cela pouvait être la cause de la mort. Mais continuant toujours mon raisonnement intérieur et préconçu, j’ajoutai : Si tout cela était vrai, le sang pris dans les veines des animaux empoisonnés par l’oxyde de carbone devra contenir de l’oxygène comme le sang artériel ; c’est ce qu’il faut voir.

À la suite de ces raisonnements fondés sur l’inter-