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applications de la méthode expérimentale.

quels les résultats avaient été différents. Il rappela aussi des cas d’opérations semblables faites pour les mêmes maladies, mais suivies de guérison dans un cas et de mort dans l’autre. Toutes ces différences tenaient, suivant lui, à ce que la vie modifie par elle-même les résultats, quoique les conditions de l’expérience aient été les mêmes ; ce qui ne pouvait pas arriver, pensait-il, pour les phénomènes des corps bruts, dans lesquels la vie n’intervient pas. Dans la Société philomathique, ces idées trouvèrent immédiatement une opposition générale. Tout le monde fit remarquer à Gerdy que ses opinions n’étaient rien moins que la négation de la science biologique et qu’il se faisait complètement illusion sur l’identité des conditions dans les cas dont il parlait, en ce sens que les maladies qu’il regardait comme semblables et identiques ne l’étaient pas du tout, et qu’il rapportait à l’influence de la vie ce qui devait être mis sur le compte de notre ignorance dans des phénomènes aussi complexes que ceux de la pathologie. Gerdy persista à soutenir que la vie avait pour effet de modifier les phénomènes de manière à les faire différer, chez les divers individus, lors même que les conditions dans lesquelles ils s’accomplissaient étaient identiques. Gerdy croyait que la vitalité de l’un n’était pas la vitalité de l’autre, et que par suite il devait exister entre les individus des différences qu’il était impossible de déterminer. Il ne voulut pas abandonner son idée, il se retrancha dans le mot de vitalité, et l’on ne put lui faire comprendre que ce n’était là qu’un mot vide de sens qui ne répondait à rien, et que dire qu’une