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applications de la méthode expérimentale.

les connaissances scientifiques se déduisent avec certitude d’une théorie ou d’un principe. Il y a là une erreur que je désire faire remarquer.

Toutes les connaissances humaines ont forcément commencé par des observations fortuites. L’homme ne pouvait en effet avoir la connaissance des choses qu’après les avoir vues, et la première fois c’est nécessairement par hasard qu’il a dû les voir. Ce n’est qu’après avoir acquis un certain nombre de notions, par l’observation, que l’homme a raisonné sur ce qu’il avait observé d’abord par hasard, puis il a été conduit à se faire des idées sur les choses, à rapprocher les faits anciens et à en déduire de nouveaux qui leur étaient analogues ; en un mot, il a été amené, après l’observation empirique, à trouver d’autres faits, non plus par pur hasard, mais par induction.

Au fond l’empirisme, c’est-à-dire l’observation ou l’expérience fortuite, a donc été l’origine de toutes les sciences, il en a été forcément la première période. Mais l’empirisme n’est un état permanent dans aucune science. Dans les sciences complexes de l’humanité, l’empirisme gouvernera nécessairement la pratique bien plus longtemps que dans les sciences plus simples. Aujourd’hui la pratique médicale est empirique dans le plus grand nombre des cas ; mais cela ne veut pas dire que la médecine ne sortira jamais de l’empirisme. Elle en sortira plus difficilement à cause de la complexité des phénomènes, mais c’est une raison pour redoubler d’effort et pour entrer dans la voie scientifique aussitôt qu’on le pourra. En un mot l’empirisme n’est point la