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applications de la méthode expérimentale.

lager par des remèdes ou par un moyen moral ou religieux. La médecine a donc dû, dès son origine, se mêler à la religion, en même temps qu’elle s’est trouvée en possession d’une foule d’agents plus ou moins énergiques ; ces remèdes trouvés par hasard ou par nécessité se sont transmis ensuite par tradition simple ou avec des pratiques religieuses. Mais après ce premier élan de la médecine qui partait du cœur pour ainsi dire, la réflexion a dû venir, et en voyant des malades qui guérissaient seuls, sans médicaments, on fut porté à se demander, non seulement si les remèdes qu’on donnait étaient utiles, mais s’ils n’étaient pas nuisibles. Cette première réflexion ou ce premier raisonnement médical, résultat de l’étude des malades, fit reconnaître dans l’organisme vivant une force médicatrice spontanée, et l’observation apprit qu’il fallait la respecter et chercher seulement à la diriger et à l’aider dans ses tendances heureuses. Ce doute porté sur l’action curative des moyens empiriques, et cet appel aux lois de l’organisme vivant pour opérer la guérison des maladies, furent le premier pas de la médecine scientifique, accompli par Hippocrate. Mais cette médecine, fondée sur l’observation, comme science, et sur l’expectation, comme traitement, laissa encore subsister d’autres doutes. Tout en reconnaissant qu’il pouvait être funeste pour le malade de troubler par des médications empiriques les tendances de la nature quand elles sont heureuses, on dut se demander si d’un autre côté il ne pouvait pas être possible et utile pour le malade de les troubler et de les modifier quand elles