Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
obstacles que rencontre la méd. expérimentale.

définitive. En chimie et en physique on a connu empiriquement l’extraction des métaux, la fabrication des verres grossissants, etc., avant d’en avoir la théorie scientifique.

L’empirisme a donc aussi servi de guide à ces sciences pendant leurs temps nébuleux ; mais ce n’est que depuis l’avènement des théories expérimentales que les sciences physiques et chimiques ont pris leur essor si brillant comme sciences appliquées, car il faut se garder de confondre l’empirisme avec la science appliquée. La science appliquée suppose toujours la science pure comme point d’appui. Sans doute la médecine traversera l’empirisme beaucoup plus lentement et beaucoup plus difficilement que les sciences physico-chimiques, parce que les phénomènes organiques dont elle s’occupe sont beaucoup plus complexes mais aussi parce que les exigences de la pratique médicale, que je n’ai pas à examiner ici, contribuent à retenir la médecine dans le domaine des systèmes personnels et s’opposent ainsi à l’avènement de la médecine expérimentale. Je n’ai pas à revenir, ici, sur ce que j’ai si amplement développé ailleurs, à savoir, que la spontanéité des êtres vivants ne s’oppose pas à l’application de la méthode expérimentale, et que la connaissance du déterminisme simple ou complexe des phénomènes vitaux est la seule base de la médecine scientifique.

Le but d’un médecin expérimentateur est de découvrir et de saisir le déterminisme initial d’une série de phénomènes morbides obscurs et complexes ; il dominera ainsi tous les phénomènes secondaires ; c’est ainsi que nous avons vu qu’en se rendant maître de l’acare qui est