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de l’observation et de l’expérience.

idée et invoquer ou provoquer ensuite des faits, c’est-à-dire des observations, pour contrôler cette idée préconçue.

Nous examinerons plus loin l’importance de l’idée expérimentale préconçue, qu’il nous suffise de dire dès à présent que l’idée en vertu de laquelle l’expérience est instituée peut être plus ou moins bien définie, suivant la nature du sujet et suivant l’état de perfection de la science dans laquelle on expérimente. En effet, l’idée directrice de l’expérience doit renfermer tout ce qui est déjà connu sur le sujet, afin de guider plus sûrement la recherche vers les problèmes dont la solution peut être féconde pour l’avancement de la science. Dans les sciences constituées, comme la physique et la chimie, l’idée expérimentale se déduit comme une conséquence logique des théories régnantes, et elle est soumise dans un sens bien défini au contrôle de l’expérience ; mais quand il s’agit d’une science dans l’enfance, comme la médecine, où existent des questions complexes ou obscures non encore étudiées, l’idée expérimentale ne se dégage pas toujours d’un sujet aussi vague. Que faut-il faire alors ? Faut-il s’abstenir et attendre que les observations, en se présentant d’elles-mêmes, nous apportent des idées plus claires ? On pourrait souvent attendre longtemps et même en vain ; on gagne toujours à expérimenter. Mais dans ces cas on ne pourra se diriger que d’après une sorte d’intuition, suivant les probabilités que l’on apercevra, et même si le sujet est complètement obscur et inexploré, le physiologiste ne devra pas craindre