Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
de l’idée à priori et du doute.

sonnelle ou les diverses passions humaines. L’amour-propre, cependant, ne devrait rien avoir à faire dans toutes ces vaines disputes. Quand deux physiologistes ou deux médecins se querellent pour soutenir chacun leurs idées ou leurs théories, il n’y a au milieu de leurs arguments contradictoires qu’une seule chose qui soit absolument certaine : c’est que les deux théories sont insuffisantes et ne représentent la vérité ni l’une ni l’autre. L’esprit vraiment scientifique devrait donc nous rendre modestes et bienveillants. Nous savons tous bien peu de chose en réalité, et nous sommes tous faillibles en face des difficultés immenses que nous offre l’investigation dans les phénomènes naturels. Nous n’aurions donc rien de mieux à faire que de réunir nos efforts au lieu de les diviser et de les neutraliser par des disputes personnelles. En un mot, le savant qui veut trouver la vérité doit conserver son esprit libre, calme, et, si c’était possible, ne jamais avoir, comme dit Bacon, l’œil humecté par les passions humaines.

Dans l’éducation scientifique, il importerait beaucoup de distinguer, ainsi que nous le ferons plus loin, le déterminisme qui est le principe absolu de la science d’avec les théories qui ne sont que des principes relatifs auxquels on ne doit accorder qu’une valeur provisoire dans la recherche de la vérité. En un mot il ne faut point enseigner les théories comme des dogmes ou des articles de foi. Par cette croyance exagérée dans les théories, on donnerait une idée fausse de la science, on surchargerait et l’on asservirait l’es-