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de l’idée à priori et du doute.

d’un cas particulier à un principe, c’est-à-dire induire, nous déduisons réellement ; seulement, l’expérimentateur se dirige d’après un principe supposé ou provisoire qu’il modifie à chaque instant, parce qu’il cherche dans une obscurité plus ou moins complète. À mesure que nous rassemblons les faits, nos principes deviennent de plus en plus généraux et plus assurés ; alors nous acquérons la certitude que nous déduisons. Mais néanmoins, dans les sciences expérimentales, notre principe doit toujours rester provisoire, parce que nous n’avons jamais la certitude qu’il ne renferme que les faits et les conditions que nous connaissons. En un mot, nous déduisons toujours par hypothèse, jusqu’à vérification expérimentale. Un expérimentateur ne peut donc jamais se trouver dans le cas des mathématiciens, précisément parce que le raisonnement expérimental reste de sa nature toujours dubitatif. Maintenant, on pourra, si l’on veut, appeler le raisonnement dubitatif de l’expérimentateur l’induction, et le raisonnement affirmatif du mathématicien, la déduction ; mais ce sera là une distinction qui portera sur la certitude ou l’incertitude du point de départ du raisonnement, mais non sur la manière dont on raisonne.

§ VI. — Du doute dans le raisonnement expérimental.

Je résumerai le paragraphe précédent en disant qu’il me semble n’y avoir qu’une seule forme de raisonnement : la déduction par syllogisme. Notre esprit, quand il le voudrait, ne pourrait pas raisonner autrement, et, si c’était ici le lieu, je pourrais essayer d’appuyer ce