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Moi, j’aime Marthe et son corsage.
Où brille la rose des champs,
Et bien souvent, sur son passage,
Les oiseaux redoublent leurs chants.

Or, si j’entrais au monastère,
Adieu la danse et la gaîté !
Il faut prendre un visage austère
Quand pour Dieu l’on a tout quitté.

J’aurais peur, dans ces longues salles
Où les moines, les yeux baissés,
En rêvant, lisent sur les dalles
L’épitaphe des trépassés.

Cependant, lorsque pour les frères
J’apporte du pain et des fruits,
J’aime à lire aussi sur les pierres
Des tombeaux à moitié détruits.

Cheminant entre les ogives
Du cloître aux piliers chancelants,
Je songe aux voyages des grives
Que je vois partir tous les ans.

L’âme fait aussi son voyage
Lorsque son hiver est venu ;
Elle tombe avec le feuillage,
Qui part, laissant le rameau nu.