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ET VIRGINIE

peu de temps ces pyramides sombres et brutes furent couvertes de verdure, ou de l’éclat des plus belles fleurs. Les ravins bordés de vieux arbres inclinés sur les bords, formoient des souterrains voûtés inaccessibles à la chaleur, où l’on alloit prendre le frais pendant le jour. Un sentier conduisoit dans un bosquet d’arbres sauvages, au centre duquel croissoit à l’abri des vents un arbre domestique chargé de fruits. Là étoit une moisson, ici un verger. Par cette avenue on appercevoit les maisons ; par cette autre, les sommets inaccessibles de la montagne. Sous un bocage touffu de tatamaques entrelacés de lianes on ne distinguoit en plein midi aucun objet ; sur la pointe de ce grand rocher voisin qui sort de la montagne on découvroit tous ceux de cet enclos, avec la mer au loin, où apparaissoit quelquefois un vaisseau qui venoit de l’Europe, ou qui y retournoit. C’étoit sur ce rocher que ces familles se rassembloient le soir, et jouissoient en silence de la fraîcheur de l’air, du parfum des fleurs, du murmure des fontaines, et des dernieres harmonies de la lumiere et des ombres.

Rien n’étoit plus agréable que les noms donnés à la