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PAUL

celles de ma grand’tante, car elles sont plus à elle qu’à moi, me disent, lorsque je cherche à amener la conversation sur des objets qui me sont si chers : Mademoiselle, souvenez-vous que vous êtes Française, et que vous devez oublier le pays des sauvages. Ah ! je m’oublierois plutôt moi-même que d’oublier le lieu où je suis née, et où vous vivez ! C’est ce pays-ci qui est pour moi un pays de sauvages ; car j’y vis seule, n’ayant personne à qui je puisse faire part de l’amour que vous portera jusqu’au tombeau,

« Très chere et bien-aimée maman,
« Votre obéissante et tendre fille
« Virginie de la Tour. »

« Je recommande à vos bontés Marie et Domingue, qui ont pris tant de soin de mon enfance ; caressez pour moi Fidele, qui m’a retrouvée dans les bois. »


Paul fut bien étonné de ce que Virginie ne parloit pas du tout de lui, elle qui n’avoit pas oublié, dans ses ressouvenirs, le chien de la maison : mais il ne savoit