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on met, dans une chambre au soleil, de l’eau, dans un vase non vernissé, elle renverra au plancher ses mobiles reflets. L’eau, et non le vase, réfléchit la lumiere. J’excepte cependant les montagnes à glace des continents, qui réfléchissent encore plus dans l’état de congellation que dans celui de fluidité. Ce n’est pas comme corps opaques, mais comme corps polis et demi-transparents qu’ils affluent et refluent la lumiere.

Ceci posé, je prends pour exemple dans les planetes les cinq bandes paralleles blanches et noires de Jupiter qui changent d’éclat tous les six ans, c’est-à-dire dans le cours alternatif de son été et de son hiver. Cette variation périodique prouve que chacune d’elles est composée alternativement d’une zône de terre et d’une zône de mers. Quand un de ces deux hémispheres est lumineux, c’est qu’il est dans son hiver ; alors les vapeurs de la zône maritime couvrent de neige les deux zônes terrestres latérales, et l’hémisphere paroît tout blanc. Quand ce même hémisphere est barré d’une zône blanche entre deux obscures, il est dans son été, car les neiges des deux zônes terrestres sont fondues, et il ne reste plus que la maritime brillante. Pour ses poles, qu’on croit applatis, n’est-ce point par une erreur d’optique ? est-il vraisemblable d’ailleurs que la force centrifuge ait agi sur Jupiter seul parmi les planetes, et qu’elle soit restée sans action sur les poles même du soleil, ce corps si sphérique, quoique demi-liquéfié, source de cette même force expansive et de la matiere molle qui produisit, dans l’origine, toutes les planetes, suivant nos astronomes ? Pour moi, si j’ose le dire, je crois que les poles de Jupiter,