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au large de l’écueil

l’amie d’un jour, l’adversaire qu’on ne peut haïr ! Mais elle ne me fera pas chanceler ! Nul sourire de femme ne me fera faiblir, si ma patrie le condamne !…

— Prends garde !… Il y a des vaillants qui ont molli devant la femme !…

— Mais je vous aime trop, vous tous, pour qu’il faille prendre garde !… Allons retrouver nos parents et leur tendresse !… Les feux de joie se sont éteints sur la côte de Beaupré !… La nuit envahit les montagnes !… Je veux revoir ma chambrette où les souvenirs me cuirasseront contre cet amour ! Viens, petite sœur !…

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Le matin même, lorsqu’elle les a mises dans la chambre de Jules, la mère a demandé aux roses de rester belles, jusqu’au retour de son fils. Fidèles à leur promesse, elles tardent à se faner dans le délicieux vase de Sèvres. Voici que le jeune homme entre, et leur âme parfumée l’accueille. Elle est au nombre des êtres chers, elle fait partie de sa substance intime, la chambrette rose, au plafond couleur d’ivoire, où tout lui parle de sa jeunesse de travail, de rêveries et d’enthousiasmes. Son voyage devient quelque