Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/28

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pris pour les vertus mêmes qu’ils prêchent aux autres ; que l’on voit quelquefois des Pontifes, des Eccléſiaſtiques, des Moines vivre dans le libertinage, & ſe livrer ouvertement à des vices que la morale Chrétienne condamne ; en un mot tenir une conduite oppoſée à leurs leçons. Je réponds 1°. que ce n’eſt point aux laïques à juger leurs Prêtres, qui ne ſont comptables de leurs actions qu’à eux-mêmes. Je réponds 2°. que la charité veut que lorſqu’un Prêtre commet le mal nous ne nous en apercevions jamais. Je réponds 3°. qu’un Prêtre en commettant quelque action qui nous paroît criminelle peut ſouvent faire du bien, & nous le ſentirions ſi nous avions plus de foi. Si, par exemple, un Moine laiſſe ſes ſandales à la porte d’une femme, (comme il arrive en Eſpagne) ſon mari doit ſuppoſer qu’il travaille au ſalut de ſa femme ; s’il les ſurprend en flagrant délit, il doit remercier Dieu qui veut ainſi l’éprouver ou l’affliger par l’entremiſe de l’un de ſes Serviteurs, qui ſe trouve par là lui rendre un très-grand ſervice à lui-même. D’ailleurs, ſi, par impoſſible, des Prêtres manquoient de mœurs, il faut toujours ſe ſouvenir de faire ce qu’ils diſent & non pas de qu’ils font. Il faut avoir de l’indulgence pour des