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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

juste, découverte récemment et où se trouvent ces vers, dont quelques-uns font pressentir le Bateau ivre :


Et le Juste restait debout dans l’épouvante
Bleuâtre des gazons après le soleil mort
« Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente,
Ô Vieillard ? Pèlerin sacré, barde d’Armor,
Pleureur des Oliviers, main que la pitié gante,

Barbe de la famille et poing de la cité,
Croyant très doux : ô cœur tombé dans les calices,
Majestés et vertus, amour et cécité,
Juste ! ................
Je suis celui qui souffre et qui s’est révolté. »

J’avais crié cela sur la terre, et la nuit
Calme et blanche occupait les cieux pendant ma fièvre.
Je relevai mon front : le fantôme avait fui,
Emportant l’ironie atroce de ma lèvre.
— Vents nocturnes, venez au maudit Parlez-lui ;

Cependant que, silencieux sous les pilastres
D’azur, allongeant les comètes et les nœuds
D’univers, remuement énorme sans désastres,
L’Ordre, éternel veilleur, rame aux cieux lumineux
Et de sa drague en feu laisse filer les astres !