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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

dantes à la sienne, il se préoccupait des moyens d’y partir dans des conditions meilleures qu’autrefois. Il ne visait plus au martyre pour le bonheur du peuple ; il voulait simplement aller prendre rang dans la phalange armée pour le combat spirituel.

Il va de soi qu’après l’expérience des trois précédents voyages, Madame Rimbaud n’aurait pas sans terreur envisagé, et consenti de sa bourse, un nouveau départ de son fils pour la capitale. Celui-ci le savait bien. Aussi, ne s’ouvrit-il pas aux siens de ses intentions et préféra-t-il en parler à Bretagne et à Deverrière.

Bretagne offrit une recommandation pour Paul Verlaine. Rimbaud, sous cette égide, s’enhardit à écrire au collaborateur du Parnasse contemporain, dont il connaissait déjà et aimait les œuvres, une lettre sollicitant opinion sur des vers insérés dans le pli (les Effarés, les Assis, les Douaniers, les Sœurs de Charité, le Cœur volé, etc.) et demandant, au cas où ces choses seraient jugées favorablement et où elles mériteraient encouragement, qu’on voulût bien aider leur auteur, pauvre, à se créer des relations littéraires dans la capitale. La réponse ne se fit point attendre : Verlaine transporté d’enthousiasme envoyait à la « chère grande âme » un frénétique bravo ; et, après un court échange d’épistoles,