Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il causait déjà à ces femmes un étonnement, par son aspect d’extrême jeunesse.

Selon un récit fort tendancieux et léger[1], Rimbaud, dès cette première entrevue, se serait montré insociable. À table, il aurait mangé goulûment et n’aurait pas daigné répondre aux questions posées avec amabilité sur son existence à Charleville et sur sa poétique. La raison de cette attitude serait pourtant bien simple, bien claire et il faut, vraiment, être dénué de tout bon sens, de toute bonne vue, pour la mal voir, pour la faussement expliquer. Nous l’avons déjà fait connaître, cette raison. Faut-il répéter que Rimbaud était dans sa phase d’adolescence, qu’il se développait extraordinairement dans sa taille, allant atteindre 1 m. 80, et que, comme à tous les garçons de son âge, il lui fallait une abondante alimentation. L’on sait, en outre, qu’il était timide paradoxalement et peu causeur. Là, dans cette maison bourgeoise, dans ce milieu artiste tout nouveau pour lui, il demeurait dans la crainte que Cros et Verlaine, ces Parisiens considérés comme des esprits supérieurs et qui l’étaient de fait, ces Parisiens désinvoltes parlant avec la plus grande aisance et avec rapidité un français si joli, ne se moquas-

  1. Cf. Edmond Lepelletier, Paul Verlaine, sa vie, son œuvre.