Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/145

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Villiers de l’Isle-Adam de crapule ou de raté ! Comme ensuite, poursuivant la réflexion, on comprend qu’il se soit parfois ingénié à les scandaliser en assumant le masque excessif de tout ce qui blessait leur pudibonderie de Prudhommes déguisés ! Lui, toute droiture, toute sincérité dans le génie et, d’ordinaire, si méditatif et clos, réservé incroyablement, comme, aux heures d’ivresse alcoolique, il dut jouir du spectacle de la terreur et du dégoût causés à ces pleutres par l’outrance et le paradoxe cyniques de ses gestes mystificateurs et de ses fausses confidences !


On lui fit d’abord, naturellement, une réputation d’ivrogne. Or Rimbaud, jusqu’ici, malgré qu’il eût déjà pensé à s’exciter l’esprit par des moyens artificiels, ignorait l’ébriété. Quelques gouttes d’absinthe, dans la crise mentale qu’il traversait, devaient suffire pour le mettre hors de soi. Nous venons de l’inférer : on le vit, dans ces moments d’ivresse, prendre une audace extrême de langage et devenir d’une violence extravagante d’invectives et de sarcasmes. Mais n’était-ce pas surtout, pour lui, revanche à sa folle timidité ? Et cela amusait Verlaine. Et cela amusait les rimeurs de rencontre, qui, tant qu’elles ne les atteignirent personnellement,