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grande ville, promenades qu’il préférait à tout, il fréquentait aux bibliothèques et aux musées, toujours sans compagnie, si ce n’est au Louvre où, parfois, il rencontrait Forain, miséreux comme lui, chercheur comme lui de nouveautés esthétiques, contempteur comme lui des bourgeoisismes et ces deux gamins de génie, à l’esprit amer et infernal, tout en parcourant les galeries, noyaient de leur dérision, certes autorisée, qui les célébrités de la peinture moderne, qui les notoriétés actuelles de la Httérature.

On doit, pour une part, attribuer aux premières visites dans les musées l’inspiration du sonnet des Voyelles et des Chercheuses de Poux. Rimbaud s’efforçait, dès lors, à réaliser en poésie une synthèse émotive au moyen d’un langage intéressant à la fois tous les modes de sentir ; et il y réussissait admirablement par ce tableau si musical, si bien quintuplement sensuel dans sa pureté harmonieuse


LES CHERCHEUSES DE POUX


Quand le front de l’enfant plein de routes tourmentes
Implore l’essaim blanc des rêves indistincts,
Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes
Avec de frêltes doigts aux ongles argentins.