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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Arthur, avaient été pourvus d’une copieuse layette. Un jour que, rétablie, Madame Rimbaud était allée à l’improviste visiter son bébé, elle demeura surprise et indignée de le trouver nu et jouant tout seul dans un coffre à sel tandis que le frère de lait, mollement couché dans le berceau destiné au nourrisson, se prélassait emmi la belle layette. Elle fit, naturellement, de vifs reproches à la nourrice. Mais celle-ci protesta et fournit la preuve que tel était bien le plaisir de l’enfant, de s’ébattre seul et sans oripeaux dans la fruste et rude boîte.

Madame Rimbaud n’en rentra pas moins inquiète à Charleville ; et, comme son mari venait d’être embarqué pour l’Orient, elle se mit en mesure de garder auprès d’elle ses deux garçons, dont l’aîné, Frédéric, se trouvait de son côté en nourrice à Saint-Pierre-sur-Vence, près de Mézières. Elle était heureuse de pouvoir enfin remplir tous ses devoirs maternels, dans la maison de son père, non moins heureux qu’elle de caresser et d’aduler ses petits-enfants.


Dès l’âge de huit mois, Arthur, plus précoce infiniment que son frère aîné d’un an, marchait sans aide aucune, délibérement.


Au retour de Crimée et d’Italie, le capitaine