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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

sir, donna les images sans exiger de nantissement.



Donc, en 1860, Madame Rimbaud, encore enceinte, était bien décidée à se fixer à demeure à Charleville, où les ressources d’éducation et d’instruction sont infiniment plus grandes qu’à la campagne. Comme elle n’avait plus le refuge du foyer de son père Nicolas Cuif, décédé, elle descendit à l’hôtel du Lion d’Argent et se mit aussitôt en quête d’un logis suffisant pour elle et sa progéniture. Malheureusement, on était assez loin de la Saint-Jean, époque coutumière, en Ardennes, des déménagements. Elle dut se contenter d’une partie de maison, par hasard libre, dans la vieille rue Bourbon hantée du populaire.

Cette installation de fortune, provisoire en l’esprit de la mère de famille, devait, à cause des usages carolopolitains de location, se prolonger plus qu’elle n’eût voulu. L’austérité de cette femme, sa fierté, le sentiment, exagéré peut-être, de ses responsabilités d’éducatrice, ne s’accommodaient guère de la promiscuité avec ce monde ouvrier où la marmaille, négligée et souvent livrée à elle-même, s’ébat trop librement