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JEUNESSE IV


Tu en es encore à la tentation d’Antoine. L’ébat du zèle écourté, les tics d’orgueil puéril, l’affaissement et l’effroi. Mais tu te mettras à ce travail : toutes les possibilités harmoniques et architecturales s’émouvront autour de ton siège. Des êtres parfaits, imprévus, s’offriront à tes expériences. Dans tes environs affluera rêveusement la curiosité d’anciennes foules et de luxes oisifs. Ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice. Quant au monde, quand tu sortiras, que sera-t-il devenu ? En tout cas, rien des apparences actuelles.


C’est dans cet état de spiritualité que le trouvaient à Charleville les lettres des amis de Paris : Forain, Verlaine.

Ce dernier, aussitôt Rimbaud en allé, avait éprouvé remords encore de son attitude envers l’adolescent et lui avait écrit pour demander pardon. Mais l’illuminé se préoccupait d’autre chose, et ses communications avaient été d’abord purement littéraires. À la fin, réfléchissant que la Chasse spirituelle se trouvait à présent tout entière entre les mains de Verlaine, et désirant vraisemblablement faire publier, il avait écrit de façon affectueuse en réclamant son manuscrit.

Au reçu de la lettre tant attendue, le Pauvre