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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

dans les Ardennes. D’ailleurs, la demande judiciaire en séparation suivait son cours il ne voulait pas, selon le conseil réitéré des mères, donner davantage prise aux griefs calomnieux dont son amitié faisait l’objet.

Nous sommes au commencement de 1873.


À Charleville, Rimbaud ne semble plus, au même titre, préoccupé de la confiscation de ses manuscrits. Néanmoins, il s’ouvre à sa mère du désir qu’il a de faire éditer un ouvrage. On dirait que la Chasse spirituelle ne lui apparaît déjà plus, à ce moment, comme suffisamment représentative de son génie. Il en déplore toujours la perte, c’est vrai il en invective les détenteurs. Mais ce qu’il voudrait voir imprimé, c’est autre chose. Et il poursuit les Illuminations : Ouvriers, Ville, Métropolitain, Promontoire, Parade, Veillées, etc…

Dans ces poèmes en prose, la joie et l’orgueil égotistes d’être un suprême et unique poète commencent, on dirait, à s’affaisser. Les hallucinations systématiques, les symbolisations outrées disparaissent ; les visions proprement dites deviennent moins personnelles, plus larges, et montent dans la réalisation des « possibilités harmoniques et architecturales » à des sommets de synthèse jusqu’ici inaccédés.