Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/235

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Delahaye, qui voulut bien l’accompagner jusqu’à Bouillon, ville-frontière de Belgique, située sur la Semoy, entre Sedan et Paliseul. C’est là que les deux poètes s’étaient donné rendez-vous. Après l’agape du revoir, qui fut délicate et de joyeuse ivresse, le bon et souriant Delahaye étant rentré seul en France, Rimbaud et Verlaine prirent, sans tarder, le train pour Liège, ville encore non explorée par eux ; puis, par Anvers, ils repartirent, le 25 mai, pour l’Angleterre.

C’est durant cette traversée, dont l’auteur des Romances sans Paroles a dit, dans une lettre à M. Edmond Lepelletier, qu’elle fut « inouïe de beauté », que l’auteur du Bateau ivre rythma Mouvement[1], ce point extrême, avec Marine, de la libération du vers.


Une des raisons qui semblent avoir décidé le visionnaire à retourner encore dans la compagnie du Pauvre Lélian est qu’il voyait de plus en plus s’altérer, dans la stabilité et le calme villageois, sa santé et aussi son équilibre intellectuel.


Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés dans mon cerveau. Sur la mer, que j’aimais comme si elle eût dû me laver d’une souillure, je voyais

  1. Voir page 171.