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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

De son côté, au chapitre d’Une Saison en Enfer intitulé Délires I, commençant par ces mots : « Écoutons la confession d’un compagnon d’Enfer » et se terminant dans cette exclamation : « Drôle de ménage », chapitre dont nous venons de citer un peu plus haut deux passages, Arthur Rimbaud nous offre, derrière la métaphore, derrière la méprise volontaire des mots désignant les personnages, une représentation terriblement exacte de la liaison. Pour qui sait pénétrer un texte et n’en a point peur, la « vierge folle » c’est le Pauvre Lélian tout entier, dans son âme comme dans son tempérament, caractère de femme et d’enfant, passion et faiblesse, expliquant, par les raccourcis de langage que lui attribue l’auteur, sa vie à Londres avec Rimbaud, « l’époux infernal », noirci à sublime dessein, et prédisant même la conversion verlainienne de demain.

C’est d’abord une invocation pénitente au Christ :

Ô divin Époux, mon Seigneur, ne refusez pas la confession de la plus triste de vos servantes. Je suis perdue. Je suis soute. Je suis impure. Quelle vie !
Pardon, divin Seigneur, pardon ! Ah ! pardon que de larmes Et que de larmes encore plus tard, j’espère !
Plus tard, je connaîtrai le divin Époux ! Je suis