Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/289

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extraordinaire daigna faire imprimer, mais dont il détruisit les exemplaires aussitôt l’édition parue, dès qu’il constata que ses contemporains ne le comprendraient point ou que mal ; faut-il voir dans Une Saison en Enfer un mouvement de conversion ? Oui. C’est bien une conversion, dans le sens absolu du mot. En ce fait, que l’auteur y part de l’esprit pour, par une marche circulaire à travers le monde, en des cyclones de pensée, revenir à l’esprit. Et ce qu’il y a d’énorme dans cet événement, c’est qu’il semble entraîner avec lui l’humanité. « Le monde marche ! » s’écrie Rimbaud. « Pourquoi ne tournerait-il pas ? » Puis : « C’est la vision des Nombres ; nous allons à I’Esprit : c’est très certain, c’est oracle, ce que je dis ». Or, « par l’esprit on va à Dieu ».

Si ce n’est des effluves mystiques dégagés par la spiritualité de Rimbaud, d’où viendrait que ses amis les mieux capables tout au moins de le sentir, Verlaine, Germain Nouveau, — nous n’osons dire Forain ni nommer Paul Bourget, — soient devenus, sous des aspects divers, des catholiques croyants ? d’où viendrait, et ceci est encore plus significatif, que les quelques grandes intelligences, de sa génération et de la suivante, qui furent ou sont ferventes de son œuvre, J.-K. Huysmans, dont les livres re-