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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

durant ses dernières années scolaires. Rapportons, d’après M. l’abbé Morigny, directeur du collège Notre-Dame à Rethel[1], la façon dont, en 1869, Arthur obtint le premier prix de vers latins au concours académique :


Ce jour-là, dès cinq heures et demie du matin, les concurrents se trouvaient réunis dans une des salles de classe. Ils attendaient, non sans anxiété, que sonnât l’ouverture du concours. Le professeur de physique, peu latiniste, était chargé de la surveillance. Dans des conciliabules à mi-voix, impatiemment on cherchait à deviner le sujet. L’un des potaches opina que ce sujet allait être : l’Exposition universelle. Les jeunes imaginations gardaient une impression non refroidie de la grande foire de 1867-68. « L’exposition ! — s’écria Rimbaud, sortant de sa taciturnité et se levant comme en colère — Ah ! par exemple, elle serait vraiment trop mauvaise, cette blague-là !»

Six heures sonnaient. Le principal, M. Desdouets, entra dans la classe il portait à la main le pli officiel, dont il ne devait rompre le sceau qu’en présence des concurrents. Il monta en chaire, ouvrit le pli et, soudain, parut s’assom-

  1. C’est le collègeoù Verlaine,en 1878,fut professeur.