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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

que les attentions du pédagogue ramèneraient son enfant dans le chemin de vertu bourgeoise dont elle le voyait s’éloigner chaque jour davantage. Elle devait être, sous peu, convaincue de son erreur. Alors, elle reprochera amèrement au licencié républicain les incartades d’Arthur[1].

  1. En voulant s’élever contre ces assertions, qui s’autorisent des confidences de Madame Rimbaud, M. Izambard, par la publication illicite de la lettre suivante dans le tome XXIV de Vers ef Prose, en a apporté la confirmation la plus nette :
    Monsieur Izambard, professeur de rhétorique à Charleville.
    Monsieur,

    Je vous suis on ne peut plus reconnaissante de tout ce que vous faites pour Arthur ; vous lui prodiguez vos conseils, vous lui faites faire des devoirs en dehors de la classe, c’est autant de soins auxquels nous n’avons aucun droit. Mais il est une chose que je ne saurais approuver : par exemple, la lecture d’un livre comme celui que vous lui avez donné il y a quelques jours (les Misérables, par V. Hugo). Vous devez savoir mieux que moi, monsieur le professeur, qu’il faut beaucoup de soin dans le choix des livres qu’on veut mettre sous les yeux des enfants. Aussi j’ai pensé qu’Arthur s’est procuré celui-ci à votre insu. Il serait certainement dangereux de lui permettre de pareilles lectures.

    J’ai l’honneur de vous présenter mes respects.

    Ep. Rimbaud.


    Les réflexions irrespectueuses dont M. Izambard accompagne cette lettre tendraient à faire croire que le livre prêté cette fois par lui à Rimbaud n’était pas les Misérables, mais Notre-Dame de Paris. Or, Madame Rimbaud a écrit sa lettre, ayant le volume en main ; de plus, son caractère lui donnait le dédain du mensonge. Son correspondant, à 41 ans de distance, voudrait la contredire : ses souvenirs sont donc bien vivaces !… En outre, il vient dire aux