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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

l’eau, en donnant essor à leur mélodieux babil ; cependant que, semblable à un œil grand ouvert, la fleur du nénuphar, d’un jaune d’or mat — couleur des soucis matrimoniaux — darde son regard et voudrait, dans le ciel ivre de chaleur du violent midi, rivaliser de force fécondante avec le soleil (principe mâle de génération).

3. — Sur le pré où scintille l’argent des fils de la Vierge, la mère (Madame Rimbaud) se promène de sorte fière, ombrelle aux doigts, foulant l’ombelle et trop glorieuse de ses fils lisant, parmi la verdure en fleurs, leurs livres de prix. Elle sera punie de son orgueil : car soudain l’un d’eux, le poète, comme le soleil, s’enfuit au delà de la colline (du Bois-en-Val percé par le tunnel du chemin de fer) et provoque par son départ un déclin de bonheur comparable à l’évanouissement des puretés qui, tout à l’heure, s’ébattaient dans le paysage. Et la mère, comme la Meuse, a froid et se couvre d’ombre ; elle court après le poète, après le soleil. Il est parti.

4. — Elle peut, à présent, s’humilier sous les remparts Puisque son fils, l’homme, le soleil, a disparu, qu’il roule à sa perte, elle regrettera le temps où, jeune fille des champs, où, ruisseau sous l’herbe candide et drue, elle pouvait se réjouir limpidement dans son lit de pudeurs. Malédiction sur l’impure joie, d’ailleurs aban-