Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/358

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il oublié ce que peuvent les dieux
Sur l’orgueil des mortels ? Si de ceste oubliance
Aveuglé il en fait ores la penitence,
Qu’a-il moins merité qu’estre puny par eux ?
Puis donc que vostre mal vient d’estre temeraire,
Il le vous faut souffrir, et patient le taire,
Sans de cris et de pleurs importuner les cieux.
Ils le veulent ainsi : et moy la fille aisnee
De ce grand Jupiter, chef de la destinee,
Je puny par mon oeil les vostres curieux.

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Comme oser regarder une divine essence
C’est un effect d’orgueil digne d’aveuglement,
En adorer la gloire et l’aimer sainctement
C’est une pieté qui dessert recompense.
Or les dieux qui sans cesse exercent leur clemence
Ne jettent pas les yeux sur l’erreur seulement :
Ains plus prompts au loyer que prompts au chastiment,
Regardent le merite aussi bien que l’offence.
Vous donc, race des dieux, que nous autres mortels
Adorons en voyant, et qui sur vos autels
Sentez brusler nos cœurs d’une devote flame,
Exercez envers nous la clemence des dieux,
Et que le souvenir du merite de l’ame
Vous face pardonner à l’offence des yeux.

A