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AUTRICHE

par Charles VI. Frédéric H lui enleva la Silésie (4741), et quelques districts de la Bohême et de la Moravie. La couronne impériale donnée à Charles VII de Bavière faillit échapper à la maison de Habsbourg, ou plutôt, comme il convient de l’appeler désormais, de Habsbourg-Lorraine. François de Lorraine, l’époux de Marie-Thérèse, ne devint empereur qu’en 1745. Alors s’accomplit dans la politique autrichienne un revirement considérable ; un rapprochement fut conclu avec la France, grâce aux soins de Kaunitz, de Bernis et de M me de Pompadour. La guerre de Sept ans mit de nouveau en présence l’Autriche et la Prusse (1757-17(33), mais elle ne lui rendit pas la Silésie. Des mariages entre princesses autrichiennes et les princes italiens resserrèrent encore les liens qui rattachaient l’Autriche en Italie et qui l’avaient accoutumée à intervenir dans les affaires de la Péninsule. Le mariage de l’archiduchesse Marie-Antoinette avec le dauphin de France (1770) couronnait l’alliance conclue avec la France. A la mort de son époux (1765), Marie-Thérèse associa au gouvernement des Etats autrichiens son fils Joseph II. Sous l’influence de ce prince sceptique, et à l’instigation de Frédéric II, elle se décida à prendre part au premier partage de la Pologne, « ce partage si inique et si inégal ». Elle alléguait pour ce partage certains droits — fort contestables d’ailleurs — des couronnes de Hongrie et de la Bohême, sur les villes du comté de Szepes, sur la petite Russie, sur la Podolie, sur les duchés d’Oswiecim (Auschwilz) et de Zator. Le tout comprenait un territoire de 1 ,500 milles carrés avec une population de 2,500,000 bab. C’était une bonne compensation pour la perte de la Silésie (1772). Les possessions enlevées à la Pologne ne furent incorporées ni à la Hongrie ni à la Bohême et formèrent un domaine immédiat de la dynastie sous le nom de royaume de Galicie et de Lodomérie. Un peu plus tard, pour mettre la nouvelle conquête en communication avec la Transylvanie, on enleva à la Turquie la province de Boukovine (1775). En 1779 la Bavière dutcéder à l’Autriche quelques districts frontières constituant ce qu’on appelle le quartier de l’Inn. En somme, à la mort de Marie-Thérèse, la monarchie autrichienne, en comptant les Pays-Bas et les possessions italiennes, comprenait 11,495 milles carrés. Cette princesse n’avait d’ailleurs rien négligé pour eflacer en Bohême et en Hongrie les souvenirs de l’autonomie. Elle avait supprimé la chancellerie de Bohême, transporté à Vienne la couronne de saint Venceslas, soumis la Bohême à la même législation criminelle que les Etals autrichiens, introduit la langue allemande dans les écoles et dans l’administration. Au début de son règne elle avait flatté les Hongrois, obtenu d’eux des subsides et des soldats ; elle s’était efforcée d’attirer leur noblesse à sa cour et de la germaniser ; elle ne convoqua que rarement leur diète et essaya d’introduire une législation unique dans les Etats autrichiens. Trieste devint un port de commerce important ; l’armée autrichienne, souvent battue par les Prussiens, emprunta à ses adversaires plus d’une réforme utile : la marine de guerre commença à jouer un rôle sérieux dans l’Adriatique.

Le fils de Marie-Thérèse, Joseph II, se proposa avant tout de germaniser tout l’ensemble de ses Etats : « Je suis empereur d’Allemagne, disait-il, donc tous mes sujets doivent parler allemand. » L’ensemble des possessions autrichiennes fut, sans qu’on eût, bien entendu, consulté les populations, divisé en 13 gouvernements, divisés chacun en cercles commandés par des capitaines de cercles : Kreishauptmœnner . Ces gouvernements étaient : 1° la Galicie ; 2° la Bohême ; 3° la Moravie et la Silésie ; 4° la Basse-Autriche ; 5° l’Autriche intérieure (Styrie, Carinthie,Carniole) ; 6° le Tirol ; 7° l’Autriche antérieure (possessions d’Allemagne ) ; 8° la Transylvanie ; 9° la Hongrie ; 10° la Croatie ; ll°la Lombardie ; 12° Gonzça-Gradisca et Trieste ; 13° les Pays-Bas. Les diètes ne furent plus convoquées ; les magistrats municipaux devinrent de véritables fonctionnaires. Ertiiïl, contrairement à la tradition Je ses pVé’déc’e'ss’eurs, Joseph II refusa de se faire couronner roi de Bohême et de Hongrie. Cette formalité était au fond la reconnaissance virtuelle de l’individualité politique des deux Etats. Joseph II est le seul souverain qui s’y soit dérobé : l’empereur actuel François-Joseph, après avoir longtemps résisté, a du en 1867 se faire couronner roi de Hongrie et, en 1871, il a pris, vis-à-vis de la Bohême, l’engagement formel de se faire couronner à Prague , engagement qui n’a pas été tenu jusqu’ici. Joseph II rencontra chez les Hongrois une résistance des plus vives et peu de temps avant sa mort il dut leur rendre les privilèges qu’il avait essayé de confisquer (8 déc. 1789) (V. Joseph II et Honcrie). En Bohême, les mesures germanisatrices de cet empereur eurent précisément pour résultat de réveiller la nationalité tchèque. Ce que l’Autriche lui doit de meilleur, ce sont des réformes humanitaires un peu chimériques d’ailleurs, et les mesures de tolérance auxquelles le nom de Josephinisme est resté attaché. Maladroitement appliquées, elles provoquèrent danslesPays-Bas une révolution qui prépara ce pays à recevoir sans résistance la domination de la République française. Joseph H avait essayé d’échanger ce pays contre la Bavière ; mais il échoua dans cette combinaison qui aurait assuré à l’Autriche la prépondérance dans l’Allemagne méridionale. Il échoua aussi dans une guerre malheureuse contre la Turquie. Le règne de Léopold (1790-92) fut marqué par l’acquisition de Vieil-Orsova et du district de l’Unna.

V empire a" Autriche. Son successeur, François II, régna de 1792 à 1835. A son avènement l’Etat autrichien, abstraction faite de la Toscane et de Modène, où régnaient des branches cadettes de la dynastie, occupait environ 640,000 kil. q. et on évaluait sa population à 24,000,000 d’hab. Ils étaient loin de former un groupe compact : les Pays-Bas, le Milanais et le Mantouan, le Brisgau et la Souabe autrichienne étaient fort éloignés du noyau même de l’Etat autrichien. L’armée régulière était évaluée à 270,000 hommes. François-Joseph, comme représentant du principe monarchique et comme parent de Marie-Antoinette, devait nécessairement entrer en lutte contre la Révolution française. Il n’était pas encore empereur d’Allemagne quand la France déclara la guerre au Roi de Bohême et de Hongrie. Dès le début de la campagne il perdit les Pays-Bas (1794.) Il trouva, il est vrai, une compensation dans le second partage de la Pologne (oct. 95). L’Autriche acquit les palatinats de Sandomir et de Lublin avec des parties de ceux de Cracovie, de Mazovie, de Podlachie et de Brest jusqu’au confluent du Bug dans la Vistule. C’était là une acquisition qui ne pouvait être durable (47,000 kil.q. et 1,100,000 hab.). En Italie, les victoires de Bonaparte décidèrent la perte de la Lombardie ; par le traité de Campo-Formio (1797) , l’Autriche dut céder cette province à la France et abandonner le Brisgau à la maison de Modène ; elle acquit en échange le territoire vénitien, l’Istrie, la Dalmatie et le golfe de Cattaro. Elle trouva, elle trouve encore aujourd’hui dans celles de ces provinces qu’elle a conservées une pépinière d’excellents marins (1797). Après une nouvelle guerre le traité de Lunéville (1800) lit encore perdre à l’Autriche quelques-unes des possessions lointaines de l’Allemagne (le comté de Falkenstein, le Frickthal). Elle recueillit en échange les évêchés de Trente et. de Brixen, qui depuis longtemps d’ailleurs reconnaissaient la suzeraineté du Tirol. Ici se place un acte important et qui marque une étape considérable dans l’histoire de l’Etat austro-hongrois. Par suite des guerres avec la France, l’Autriche avait perdu ses possessions de Belgique et d’Allemagne ; on pouvait prévoir le moment où il faudrait renoncer au titre, désormais sans objet, d’empereur d’Allemagne. Au titre séculaire d’archiduc d’Autriche, de roi de Bohème et de Hongrie, François II voulut ajouter ou plutôt substituer un titre plus sonore, plus élastique, plus capable d’en imposer à l’Europe et aux peuples ryeemment annexés (la Vénétie, la Galicie). Le 11 août 18Ô4, François 11 prit le titre d’empe-