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BENOÎT — 208 —

à Solesme (Sarthe) la congrégation de Saint-Maur. En 1837 dent avec celle de saint Benoît ou, plus exactement, que cette maison fut érigée en abbaye régulière et la dignité abbatiale conférée à P. Guéranger. L’abbaye de Solesme et une succursale établie à Angers ont été, après une résistance tapageuse, fermées en exécution des décrets concernant les communautés non autorisées. — Trithemius, abbé de Spanheim, comptait au commencement du xvie siècle, 48 papes ayant appartenu à l’ordre de saint Benoît, 200 cardinaux, 1,600 archevêques, 4,000 évêques, 15,700 abbés fameux et autant de saints canonisés (IV. Libri de viris illustribus ordinis S. B). Dom Guéranger, dans son Euchiridion Benedictinum (Angers, 1862), porte le nombre des papes à trente. — Les articles Abbaye, Anachorètes, Augustins, Basile le Grand, Benoît de Nursie, Biens ecclésiastiques, Chefs d’ordre, Congrégations, Couvent, Monastère, Ordres religieux, Règle forment un ensemble exposant l’histoire et l’organisation du régime monastique. E.-H. Vollet.

Bibl. : Outre les ouvrages cités dans cette notice, J. Mège, Vie de saint Benoît avec une histoire de sen ordre ; Paris, 1690. — Bulteau, Histoire de l’ordre de saint Benoît ; Paris, 1691. — Martens, De antiquis monachorum ritibus ; Lyon, 1690. — Mabillon, Annales ordinis S. B. ; Paris, 1703-1739 : — Mabillon et d'Achery, Acta sanctorum ordinis S. B. ; Paris, 1668-1701. — Ziegellauer, Martyrologium des Benedikt. Ordens ; Augsbourg, 1855. — Anonyme, Saint Benoît et ses ordres religieux ; Lille, 1855. — Montalembert, Les Moines d’Occident, t. II. — Grég. Smith, Benedictine rule and order, dans le Dictionnary of Christian antiquities de Smith et Cheetham ; Londres, 1875.

BENOÎT (Saint) d’Aniane, réformateur de la discipline monastique, fils d’Aigulfe, comte de Maguelone, né vers 750, mort en 821. Elevé auprès du roi Pepin, il suivit en Italie son fils Charlemagne ; mais ayant été exposé à un grand danger, en sauvant son frère, il abandonna le monde et se retira, en 774, à l’abbaye de Saint-Seine en Bourgogne. Il y édifia les moines par ses austérités ; puis comme le régime de ce monastère lui semblait trop relâché, il s’en alla dans le Languedoc, son pays natal, et s’établit comme hermite prés du ruisseau d’Aniane, affluent de l’Hérault. Il y acquit une réputation de sainteté qui attira près de lui de nombreux disciples. Vers 782, il leur fit construire une église et un monastère contenant plus de trois cents religieux. Comme la règle bénédictine était devenue, à cette époque, le type commun de toutes les constitutions monastiques, Benoît en conserva le nom, mais en y introduisant des dispositions qui en modifiaient et en austérisaient sensiblement le caractère. Cette discipline fut adoptée par la plupart des autres couvents du Languedoc et de la Gascogne. — Vers 815, Louis le Débonnaire confia à Benoît l’inspection de toutes les communautés monastiques de l’empire ; désirant l’avoir prés de lui, il fonda dans les environs d’Aix-la-Chapelle l’abbaye d’Inda, dont il lui donna la direction. Ce fut de là que Benoît entreprit pour le nord et l’est de l’empire la réforme qu’il avait fait prévaloir dans le midi. En 847 (suivant nous, 816), il fit adopter, dans une assemblée d’abbés tenue à Aix-la-Chapelle, une règle qu’il avait rédigée en 80 articles. L’empereur la sanctionna sous le titre de : Capitulare de vita et conversation monachorum (V. l’édition des capitulaires, de Boretuis).C’était la règle de saint Benoît complétée par quelques pratiques minutieuses. Nous attribuons à l’influence de Benoît d’Aniane toutes les réglementations monastiques ou semi-monastiques décrétées à Aix-la-Chapelle, de 809 à 817 (V. Aix-la-Chapelle [Conciles de]). — Après la mort de Benoît d’Aniane, les mesures de centralisation et de surveillance qui avaient été concentrées sur sa personne firent défaut, et le monachisme retomba dans l’individualisme des couvents (V. Benoît de Nursie [Ordre de saint]). — Ecrits de Benoît : un recueil d’anciennes règles monastiques de l’Orient et de l’Occident reproduit par Lucas Holstenius dans son Codex regularum monasticarum et canonicarum (Rome, 1664, 3 vol. in-4 ; édit. Brockie, Augsbourg, 1759, 6 vol. in-fol.) ; une Concordia regularum, déstinée à démontrer que toutes les règles s’accor-


dent avec celle de saint Benoît ou, plus exactement, que cette dernière règle est conforme aux principes développés par les pères de la vie monastique en Orient. Cet ouvrage a été publié sous les soins de D. Ménard (Paris, 1638). Quatre opuscules contre Félix d’Urgel et son hérésie. insérés par Baluze dans ses Miscellanea (édit. Mansi ; Lucques, 1761, 4 vol. in-fol.). Pour ce qui concerne l’hérésie de Félix, V. le mot Adoptianisme (t. I, p. 614), — l’Eglise célèbre la fête de saint Benoît d’Aniane le 12 févr. E.-H. VOLLEY.

Bibl. : Ardon, S. Benedicti Anianensis vita. Dans Mabillon, Acta Sanctorum ordinis S. Benedicti ; Venise, 1733, t. IV. — Mabillon, même ouvrage, prœf. sœc., IV. — Bollandistes, 12 fév. — Histoire littéraire de la France : Paris,1738, t. IV. — Nicolai, Der heilige Benedict, Gründer von Aniane und Cornelimünster ; Cologne, 1865.

Savants, Philosophes, Littérateurs.

BENOÎT (Biscop), abbé anglais du viie siècle, né en 629, mort en 690. Il se fit moine à la suite d’un voyage à Rome qu’il entreprit dans sa vingt-cinquième année. Il retourna plusieurs fois dans la Ville éternelle d’où il rapporta un grand nombre de livres pour les monastères encore peu nombreux de l’Angleterre. On lui doit la construction de l’abbaye de Wearmouth (667), sur les bords de la rivière Wear, dans le royaume de Northumberland ; en 682, celle du monastère de Jarrow près de Newcastle. Il continua à développer dans son pays le goût naissant de l’architecture. G. Q.

BENOÎT (Guillaume) aussi appelé Benedictus, Benedicte, jurisconsulte du xve siècle, conseiller au parlement de Toulouse. Il a été très diversement apprécié par ses contemporains et par les jurisconsultes du siècle suivant. On lui reconnaissait un grand savoir, mais la tournure de son esprit était souvent étrange. Ainsi il a écrit tout un traité des testaments sur le chapitre Raynatius extra di testamentis. Sur ce pied là, disait un ancien jurisconsulte, on pourrait traiter tout le droit sur les mots de Pater noster.

Bibl. : Faisand, les Vies des plus célèbres jurisconsultes ; Paris, 1737, p. 67, in-4.

BENOÎT (Michel), jésuite français, né à Autun le 8 oct. 1715, mort à Pékin le 23 oct. 1774. Il fit d’excellentes études a Dijon et au séminaire de Saint-Sulpice de Paris et se livra principalement aux sciences : mathématiques, astronomie, physique. Il fut envoyé en mission en Chine sur sa demande (1743). Il fut très favorablement accueilli de l’empereur Kien-Long qui lui confia la direction de nombreux travaux hydrauliques. Le P. Benoît introduisit en Chine la gravure au burin et en taille douce, suivant les procédés européens, grava une grande carte de Chine en 104 feuilles, fit connaître l’usage du télescope à réflexion et de la machine pneumatique.

BENOÎT (Françoise-Albine Pusin de la Martinière, dame), femme de lettres française, née à Lyon en 1724, morte au commencement de ce siècle. Elle a écrit un certain nombre de romans oubliés : Elisabeth (1766, 4 parties, in-12) ; Célianne ou les Amants séduits par leurs vertus (1766, in-12) ; Lettres du colonel Talbert (1766, 4 vol. in-12) ; Sophronie ou Leçons d’une mère à sa fille (1769, in-12) que recommande aux iconophiles un frontispice gravé par Moreau le jeune d’après Greuze ; Folie de la prudence humaine (1771, in-12) ; les erreurs d’une jolie femme ou l’Aspasie française (1781, 5 vol. in-12). On lui attribue l’Officieux, comédie en trois actes (Théâtre-Italien, août 1780), donnée par d’autres à son amant le marquis de La Salle et empruntée d’ailleurs, pour le fonds et pour le titre, à une pièce du chevalier de Chastellux, jouée sur un théâtre de société. Mme Benoît : avait aussi tenté en 1757 la publication d’un Journal en forme de lettres, mêlé de critiques et d’anecdotes, dont le sort fut éphémère. M. Tx.

Bibl. : Grimm, Diderot, Raynal, Meister, Correspondance littéraire, 1877-1882, 16 vol. in-8.

BENOÎT (Antoine-Vernier), publiciste français, né à Bêle en 1769, mort du choléra, à Paris, le 12 avr. 1832.